Finalement, la neige n’a pas duré, et dès le week-end dernier, on a pu s’y remettre avec Michel. On a commencé par faire une cloison, avec la technique volige paille d’Eric. A la base, c’était une technique volige/fibre de bois, mais apparemment, c’était difficile de faire tenir l’enduit dessus. Du coup, il a remplacé les panneaux de fibre de bois par de la paille, et les brins qui dépassent aident vachement à la tenue d’enduit. Ce n’est pas suffisant pour avoir une régularité de surface entre les zones volige et les zones pailles, du coup, il a rajouté un filet en jute aux mailles très larges (10×10), et là, c’est parfait. Je suis passé voir chez lui, ça fait une surface parfaitement régulière.
J’ai donc adopté ces modifications. Par contre, lui, il a aussi réduit l’âme de la cloison, qui était initialement en 4cm d’épaisseur, pour laisser la place à des plaques de fibres de bois de la même épaisseur, mais avec la paille, ce n’était plus nécessaire, du coup, il fait ses structures aussi en volige. Mais moi, j’avais déjà acheté mes tasseaux 4x5cm, donc je les utilise. D’autant que j’ai une volige assez fine de 17mm. Du coup, au lieu de rentrer de la paille tassée en vrac entre les deux couches de volige, je mets carrément des tranches de botte de paille. Ca marche plutôt bien, même s’il reste pas mal de trous qu’il faut ensuite combler avec de la paille en vrac.
C’est un système de cloison que je trouve vraiment très bien :
- on commence par construire une ossature (dans mon cas en tasseaux 4x5cm). Une lisse basse fixée dans le sol, une lisse basse fixée dans le plafond, et des montants verticaux tous les 60-70cm. Moi, j’ai fait tous les 70, pour avoir la place de rentrer 2 tranches de bottes de paille à la verticale (2×35=70). C’est un entraxe de 70, donc ça fait un espace dispo de 65cm.
- Ensuite, on met une première couche de volige à 45 degrés, à claire-voie. Eric me disait qu’il s’était fait livrer de la volige en 5-6cm de large, et qu’il les espaçait d’autant. Moi, ma volige est beaucoup plus large, j’ai donc du la recouper dans le sens de la longueur. Je ne recoupe que quand ça fait plus de 10cm de large. Je me retrouve donc avec des planches entre 7 et 10cm, et je les espace de 7, environ. On fixe à l’agrafeuse à air comprimé.
- et puis on met la deuxième couche de volige, dans l’autre sens, en coinçant entre les tranches de botte de paille. Le résultat est si joli, qu’on aurait presque envie de le laisser comme ça.
- Il ne restera plus qu’à enduire les deux faces à la terre, non sans avoir mis ce filet en jute.
Les gros avantages de cette technique sont :
- ça coûte pas cher
- c’est très contreventant
- c’est naturel
Le principal inconvénient est que ça prend sans doute plus de temps à faire qu’avec un système de plaque (fermacell ou autre). Mais bon, ça, avec la maison en botte de paille, on est habitué : ça coûte pas cher, mais ça prend du temps.
Ensuite, on a fait les murs en paille de la cave, cette petite extension qu’il y a au nord de la maison, et qui va servir de réserve derrière la cuisine. Vu que c’est que sur un étage, on a pas besoin de faire le contreventement avant. Et puis on se disait que ça permettait de faire un petit refuge abrité du vent si le froid revenait. Et en même temps, ça permet de tester un peu la technique, avant de se lancer « en grand » dans le reste de la maison.
C’est vraiment très agréable à faire, et assez rapide. Ce qui prend le plus de temps, c’est la dernière botte, qu’il faut rentrer après avoir tassé les précédentes au cric. Un truc à savoir : le cric d’une Ford Ka ne convient pas du tout ; il vaut mieux un bon cric traditionnel en forme de losange, car il applique une poussée beaucoup plus régulière.
Et puis bien sûr, les petits triangles qui reste en haut des murs sous rempants sont aussi assez chiants à remplir. Pas sûr d’avoir la technique ultime pour le moment. En tous cas, une chose est sûre : il faut rentrer des bottes de paille entières jusqu’en haut, puis les tasser au cric, et les bloquer avec soit un tasseau de part et d’autre de l’ossature, soit une planche entre les deux montants. Ensuite, il ne reste plus que ce petit triangle avec de la paille en vrac tassée à la main ou au cric, puis avec des morceaux de bottes taillées en biais et reficellées.
Ca, c’était juste pour le week-end. Ensuite, pendant la semaine, Michel s’est occupé de faire les cadres pour les portes intérieures qu’on avait achetées d’occase. Pendant ce temps, moi, je suis allé acheter 2 portes qui nous manquaient chez Leroy Merlin. Ben finalement, pas sûr que la porte d’occase soit plus intéressante. Refaire des cadres, c’est long et coûteux. Alors qu’on trouve d’assez belles portes en chêne pour 150 euros dans les magasins de bricolage.
J’ai ensuite attaqué une autre cloison, mais en faisant simplement une couche de volige, car c’est suffisant pour l’aspect contreventement de la maison. Il sera toujours temps de faire plus tard la deuxième couche et la paille.
Puis Michel est revenu, vendredi, et on est allé ouvrir le toit pour voir si la paille avait souffert de toutes ces fuites. Le résultat est au final assez étrange, car je m’attendais à trouver toutes les bottes un petit peu mouillée, et en fait, il n’y en a que quelques unes très mouillées, et les autres totalement sèches. Quand je dis très mouillées, je veux dire que quand on rentre sa main dedans, elle ressort mouillée (alors que ça fait plus d’un mois qu’elle n’ont pas pris l’eau). Donc tout se passe comme s’il n’y avait eu que quelques fuites localisées. Pourtant, impossible de trouver l’origine de ces fuites (si ce n’est effectivement les trous d’agrafe, mais qui sont partout…)
Si la proportion est respectée, il doit y avoir 20-30 bottes mouillées sur tout le toit. Difficile de savoir quoi faire. Sur la zone qu’on avait ouverte (environ 1/10ème du toit), on a changé les mouillées sauf une, pour laquelle on a aménagé une sorte de trappe, pour pouvoir facilement revenir voir comment elle se comporte et on a refermé.
Dans l’ensemble, on dirait qu’à l’endroit où les bottes étaient encore mouillées, les auréoles du plafond étaient plus marquées qu’ailleurs. Je pense donc que dans un premier temps on va se contenter d’ouvrir le toit seulement au dessus des zones avec des auréoles très marquées, et changer ces bottes. Pour les autres, on va espérer qu’elles finissent de sécher toutes seules, surtout une fois que la maison sera fermée, et que le solaire passif commencera à fonctionner. Quitte même à mettre un petit chauffage d’appoint. Enfin bon, on verra. En attendant, on laisse la bâche par dessus le pare pluie, et on se dépêche de faire les murs.
Au programme des prochaines semaies : continuer les cloisons en bois, et surtout attaquer les cloisons en briques de terre crue. Pour cela, j’ai fait appel à Mariano Delantonio, qui est un spécialiste de la terre, et qui viendra nous former pour les briques et pour l’enduit. Si vous êtes intéressés, surveillez le site, je mettrai la date dès que je la connaîtrai. Ce sera sûrement (du moins je l’espère) le week-end prochain, ou le suivant.